La couverture #fin
Les villageois étaient troublés par la similitude de ces rêves. Sept personnes voyant les mêmes images dans leurs songes, c’était très curieux. Certains avancèrent que le récit d’André avait sans doute influencé les rêves des suivants, mais il s’avéra très vite que des détails qui n’avaient pas été évoqués jusque là étaient identiquement apparus dans tous les rêves. Perplexes, tous réfléchirent longuement mais, ne trouvant pas d’explication, ils finirent par abandonner leurs tentatives de rationalisation.
Le lundi suivant, Lucien était de nouveau assigné au ravitaillement avec Victor lorsqu’il entendit du bruit du côté de la route. S’arrêtant en plein milieu du chemin, il fit signe à Victor qui s’approcha lentement de lui, les yeux rivés vers la source du bruit. Reconnaissant un ronronnement de moteur, Victor saisit Lucien par le bras et courut vers un pan de mur qui bordait la route. Accroupis tous les deux sous un trou, ils risquèrent un œil lorsque le ronronnement se fit net et bruyant. Ils virent alors s’arrêter devant l’église deux jeeps avec, à leur bord, des soldats armés. Alarmés, ils se regardèrent, se demandant s’ils devaient se porter au secours des autres survivants lorsqu’ils entendirent un cri. C’était Martin qui criait que la guerre était finie et que tous pouvaient sortir.
Lucien et Victor se relevèrent prudemment, craignant un piège. Ils virent Martin, suivi de Nicolas, pénétrer dans l’église en riant, et en ressortir avec les survivants. Les soldats étaient descendus de leurs jeeps, souriant et portant négligemment leurs armes en bandoulière. Après un moment de flottement, Lucien et Victor entendirent des cris de joie avant de voir Perrine et Augustine sauter au cou des soldats. André, serrant Nicolas et Martin contre lui, pleurait à chaudes larmes tandis que les enfants couraient tout autour des voitures en répétant « La guerre est finie ! La guerre est finie ! La guerre est finie ! »
Au bout d’un moment, les soldats s’éloignèrent pour dresser un campement et les habitants rentrèrent dans l’église en compagnie de Nicolas et Martin qui leur racontèrent les longs mois qu’ils avaient passés dans la vallée, bloqués par la neige. Les survivants racontèrent à leur tour leur quotidien durant l’hiver. Perrine expliqua comment André s’était remis de sa blessure et de la fièvre qui avait tant inquiété Nicolas et Martin. Les enfants précisèrent que la couverture avait joué un grand rôle dans la guérison du vieil homme, ce que celui-ci confirma. Et tandis que tous évoquaient les bienfaits de la chère couverture, les petits coururent la chercher pour la montrer aux deux hommes.
Ils cherchèrent autour de la paillasse d’André mais ne la trouvèrent pas malgré les assurances de ce dernier qui prétendait ne l’avoir quittée que pour sortir à la suite de ses fils. Tous se mirent alors à la chercher, retournant toutes les paillasses, fouillant tous les recoins de l’église, allant jusqu’à explorer le garde-manger. Lucien regarda même dans le foyer du poêle, au cas où.
Ils cherchèrent partout. En vain.
La couverture avait disparu.
Aujourd’hui encore, des années après, on peut entendre dans la région l’histoire d’une mystérieuse couverture magique qui, durant la guerre, soigna les traumatismes des habitants d’un petit village et les sauva du désespoir et de la peur.
La fille aînée de ma belle-sœur a reçu comme cadeau de naissance, il y a quatre ans, une ravissante couverture tricotée. Aujourd’hui encore, elle s’en sert souvent. J’avais immédiatement flashé sur cette couverture et je m’étais dit que lorsque j’aurais un bébé à mon tour, je lui en ferais une semblable. Et bien cette année, on y est. Contrairement à l’histoire ci-dessus, j’ai mis bien plus que quelques jours pour la faire, ça se compte en mois en fait. J’ai commencé en Juillet (je me rappelle avoir acheté les premières pelotes de laine le 1er Juillet) et j’ai fini en Octobre. Mon ouvrage fleuve 2010, c’est cette couverture. Et histoire qu’elle ne se détériore pas trop vite, histoire aussi de pouvoir la transporter facilement, je lui ai cousu un petit sac de transport.
Matériaux utilisés:
Laine Partner 6 coloris « Mûre » tricotée en 4,5 (Phildar), tissu liberty Ros (Shaukat), coton uni violet (Marché Saint-Pierre), molleton (Tissus Reine), rubans (mon stock), élastique (mon stock).
Je peux te dire, coupine, que je me suis découvert une infinie et insoupçonnée patience. Au total, j’ai utilisé 17 pelotes de laine, soit 1 kilomètre et 122 mètres de fil tricotés en trois mois et demi.
C’est la première fois que je commande du tissu sur internet. D’habitude, j’ai trop besoin de le voir de mes yeux et de le toucher de mes mains pour arriver à m’y résoudre, même si je passe de longues heures à baver devant certains coupons en ligne. Et bien je suis ravie. J’ai reçu ma commande de chez Shaukat très vite et le liberty était tout à fait conforme à ce que je pensais avoir acheté.
Challenges et défis:
– Modifier un modèle de couverture pour obtenir ce que j’avais en tête (la dernière fois que j’ai bidouillé un modèle en tricot, j’ai obtenu un bonnet de rasta au lieu d’un modèle qui « colle » à la tête, alors bon…).
– Finir la couverture avant la naissance de la coquelicote (je ne suis pas un lièvre en tricot, il me faut te l’avouer, coupinette)
– Coudre ensemble du tissu et du tricot (j’ai tremblé en imaginant toutes les galères et catastrophes qui pourraient se produire).
Fils conducteurs:
– Je me suis basée sur le motif en jersey et point mousse de cette couverture qu’on trouve dans le catalogue Phildar « Cadeaux de naissance ».
– Pour la partie tissu, j’ai utilisé le tuto pour plaid à gogo trouvé sur le chouette blog « On va voir si je m’y tiens« .
– Le sac est fait à partir d’un patron maison.
Bifurcations:
Dans le catalogue, la couverture fait à peu près 60cm x 75cm. Je la voulais plus grande, l’idée étant que tant qu’à suer sang et eau, autant que ce soit une couverture que ma petite pourra utiliser plusieurs années. Donc, j’ai fais mes petits calculs et modifié les explications pour que la couverture finale fasse à peu près 90cm x 110cm.
J’ai aussi rajouté une bordure au point mousse de 5 cm tout autour de la partie texturée, ces 5 centimètres étant destinés à l’assemblage avec le liberty.
Ce qui m’a franchement plu:
– La couverture est tricotée en une seule pièce, ce qui m’a épargné coutures et fils à rentrer. Un vrai bonheur.
– J’ai, pour cette couverture, utilisé pour la première fois des aiguilles circulaires. Je pensais que j’allais galérer avec des pointes toutes courtes (mes aiguilles droites font 40cm de long, je préfère) et cette drôle de partie souple entre les deux mais que nenni coupinette! Au contraire, une fois habituée à ne pas avoir de longues baguettes qui me battent le flanc à chaque maille, j’ai grandement apprécié les aiguilles circulaires. Elles permettent de tricoter de grandes largeurs (j’avais quand même 153 mailles par rang) sans aucun souci et sans donner de coups de coude à ses voisins.
– Au bout d’un moment, on prend le rythme en tricot quand même. Pendant un mois, j’avais un trajet de quasi une heure en métro sans changement et donc je mettais ce temps à profit pour tricoter. Et ça allait tout seul et mon tricot a avancé à une vitesse vertigineuse.
– Le liberty est douuuuuux en fait. J’en avais déjà utilisé pour faire des vêtements mais je n’avais pas réalisé cette propriété avant de me mettre en quête de tissu pour finir mon ouvrage. J’étais partie sur de la popeline et finalement, j’ai opté pour du liberty à cause de sa douceur.
– Coudre les rubans sur le sac fut un régal. Si si, je t’assure, j’aime bien coudre tout au bord et je trouve que ça fait un bel effet, ce satiné sur du mat. Je sens que cette activité remonte dans mon top ten des choses que j’aime bien faire en couture.
Ce qui m’a franchement barbée:
– 3,5 mois, c’est long quand même. C’est pas dit que je recommence ce genre d’ouvrage au long cours avant un bon moment.
– Épingler le bord du tissu, le molleton et la couverture ensemble. Ça a été coton comme opération. D’autant que ma maniaquerie exigeait que la jointure se fasse tout bord du « cadre » en point mousse. Ah ça, je n’ai pas beaucoup ri lors de cette étape-là, je te le dis, coupine.
Ce qu’on peut retenir de tout ça / Si je devais recommencer:
Niveau tricot, je tenterais peut-être un autre motif ou un point de riz à la place du point mousse, pour voir.
J’ai commandé le liberty chez Shaukat, pensant faire de substantielles économies. J’avais tort. Certes le liberty est moins chez chez Shaukat que chez Tissus Reine ou à l’Entrée des Fournisseurs, mais avec les frais de port, ça ne devient intéressant que lorsqu’on commande plusieurs (au moins 5 selon moi) coupons à la fois. Donc pour un seul coupon, mieux vaut aller en magasin, d’autant qu’en magasin, on peut avoir un coupon de moins d’un mètre ce qui n’est pas le cas chez Shaukat. Ceci dit, le liberty que je voulais, je ne l’ai trouvé nulle part en magasin.
La p’tite idée qui fait du bien:
Lorsque tu dois faire un tricot avec un motif du genre dix mailles de ça puis quinze de tel autre point, puis encore dix du premier point, etc…, si tu n’es pas une championne de la mémoire qui a tout dans la tête et compte ses mailles sans aide-mémoire, tu utilises peut-être un bout de papier où tu tiens tes comptes. Au risque d’oublier de marquer ce que tu viens de faire.
Ou alors tu utilises des petits bouts de laine contrastés qui délimitent les différentes sections à faire. Au risque qu’ils se détachent un jour et que ,argh!, tu sois obligée de recompter tout ton rang (sans parler de la partie à défaire, vu que tu n’as pas vu de délimiteur et que tu as continué le point précédent pendant un moment avant de te rendre compte de ce qui se passait).
Tu me vois venir, n’est-ce pas? Genre « il faut investir dans de vrais anneaux marqueurs pour être tranquille ». Oui, c’est à ça que je viens. Sauf que je sais que certaines marques vendent ces petits anneaux à un prix exorbitant. Et que parfois, ces anneaux se présentent sous la forme de trombones pas pratiques du tout qui se prennent dans l’ouvrage et cassent le rythme.
Alors voilà, un jour, une copine m’a donné LA solution: les joints en caoutchouc qu’on trouve à une misère dans le premier magasin de bricolage venu. Ils sont juste topissimes. Tu vas voir, avec ça, tu seras sereine, coupinette.
Hello, Je ne sais pas si le blog est encore actif je suis tombée dessus en cherchant des modèles de couvertures pour bebe.
Et là magie ! la couverture est non seulement en laine mais aussi avec un beau tissu… Ça fait envie !
Aurais-tu encore tes explications sous la main s’il te plait ? Je suis hyper intéressée (et admirative du résultat, la barre est haute !)
Merci d’avance