La Fièvre

Bonne année 2016, coupine!
Je te la souhaite toute douce et sertie de plaisirs, petits et grands.
En ce jour de l’an, je viens te parler d’une bénédiction qui a illuminé mes dernières semaines.

IMG_0892 - CopieRigel Bomber – Papercut Patterns – taille XS rallongé
Lainage – Brin de Cousette | Batiste Bye Bye Birdie Black – Atelier Brunette | bord-côte noir – Brin de Cousette | passepoil – Brin de Cousette | fermeture éclair – Modes et Travaux | thermocollant – Mercerie de Charonne

C’était un mercredi. Ou un mardi. En tout cas, il faisait beau.
Quand elle est entrée, je traitais de la paperasse, assise derrière le comptoir de la boutique. C’était une grande jeune femme aux longs cheveux châtains. Elle venait régulièrement compulser les patrons avec une copine mais ce jour-là, elle était seule. Et elle portait un blouson vert proprement magnifique.

Je ne sais pas toi, coupine, mais moi je suis complètement passée à côté de la mode du bomber synthétique à doublure orange des années 90. (tu te souviens ? Tout le monde ou presque en avait un à l’époque. Pourquoi ? Va savoir…).

Mais là, à ma grande surprise, je suis tombée raide dingue du bomber revisité qu’elle portait (quand on croit se connaître et qu’on s’étonne encore, moi je dis qu’on est toujours jeune). Avec ses manches raglan et son col en V, il était féminin, vraiment élégant et il lui allait parfaitement bien. Bref, il redorait le blason du blouson.

On a bavardé et elle m’a dit :
-qu’elle l’avait cousu elle-même (ok, la classe à Dallas.)
-qu’il s’agissait du Rigel Bomber de Papercut Patterns (Hein ?! le vieux scoop du jour)

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J’étais assise mais je suis quand même tombée des nues. On l’avait le Rigel Bomber, à la boutique ! Et depuis belle lurette !
Qu’est-ce qui s’était passé ? Comment avais-je fait pour le louper ?
Stupéfaite, j’ai sorti un exemplaire dudit patron et j’ai immédiatement compris pourquoi il ne m’avait pas éblouie : la pochette s’ornait d’une version en soie grise à motifs improbables qui ne mettait franchement pas le modèle en valeur, à mon avis. Ainsi donc, derrière la photo bof se cachait une pépite !

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Je peux te dire que cette nouvelle a bouleversé ma journée, coupine.
Parce que c’est là qu’elle a fait son apparition.
La Fièvre.

Tu connais ?
La Fièvre, c’est cette vague, cet élan qui soulève la couturière. C’est cet enthousiasme permanent qui l’accompagne tant que son projet n’a pas abouti. Elle se lève avec son projet, elle prend sa douche avec son projet, elle mange avec son projet, elle prend le métro avec son projet et elle se couche avec son projet. Emportée par la Fièvre, elle le construit dans sa tête, réfléchit à tous ses aspects en se couchant, le fait évoluer au petit matin, le peaufine sous sa douche et s’arrange pour avoir tout ce qu’il faut pour le réaliser. La Fièvre, tu vois, c’est cette envie, ce désir qui va la pousser à déplacer des montagnes pour parvenir à ses fins.

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J’ai eu la Fièvre, coupinette, avec ce Bomber. Et ça a été formidable.

Pleine d’une énergie que je n’avais pas eue depuis longtemps, j’ai longtemps cherché dans quel tissu je pourrais me coudre un Rigel Bomber. Je voulais trouver un tissu parfait, plutôt un lainage, pour décaler le blouson et ainsi le rendre plus intéressant.
J’ai fini par le trouver juste sous mon nez, là, à la boutique.
Momo nous avait dégoté un lainage aussi beau sur l’endroit que sur l’envers, subtilement agrémenté de lurex bleu qui me parut parfait pour ce projet.

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J’ai ensuite cherché comment exploiter les deux faces de mon tissu. J’ai envisagé d’utiliser l’endroit pour faire le corps et l’envers pour les manches, j’ai changé d’avis plusieurs fois et puis finalement, j’ai fait simple.

J’ai limité l’utilisation de l’envers aux empiècements d’épaules (parce qu’il y avait une version avec des empiècements d’épaules, coupine ! Bonheur et ravissement !) et aux poches.

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Et je me suis lancée. Déjà, j’ai bossé sur mon patron, coupine. J’ai décalqué un XS pour un 36-38 du commerce.
Rien n’est parfait en ce bas monde, mon amie. Et le Rigel Bomber confirme l’adage : il n’est pas doublé. Et donc, ses poches passepoilées sont vouées à pendouiller tristement au vu et au su de tous dès qu’on l’entrouvre. Il était impératif de le doubler, coupine.

J’ai donc créé une doublure (la Fièvre, je te dis). J’ai pris soin de mettre un pli creux d’aisance dans le dos (de 3 cm de profondeur).
J’ai aussi rallongé le buste et les manches de plusieurs centimètres en me basant sur les mesures du vêtement fini qu’indiquait le modèle et en le comparant à un de mes blousons. C’est franchement une bonne idée d’indiquer les mesures du vêtement fini sur le patron. On sait à quoi s’attendre et on s’évite toute mauvaise surprise de fin de couture.

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Ce que j’aime à propos de la Fièvre, c’est qu’elle aplanit tous les obstacles (15 pièces de patron ? Seulement ? Ah ! Il y a la doublure aussi, ok !), elle donne envie de bien faire, sans bâcler, de fignoler et de soigner toutes les étapes. Du fait de ma Fièvre, j’ai ignoré ma fatigue habituelle de début-de-soirée-les-filles-sont-couchées-et-si-je-m’affalais-dans-le-canapé et, soir après soir, je me suis attelée avec gourmandise à mon ouvrage.

Je trouvais le tissu extérieur un peu mou et j’ai hésité à tripler mon blouson. Finalement, j’ai utilisé un thermocollant spécial lainages quasi magique qui a donné de l’épaisseur à mon tissu sans lui ôter sa souplesse. J’ai entièrement thermocollé toutes mes pièces extérieures et vu le rendu, je m’en félicite.

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J’ai bâti pratiquement toutes mes coutures pour préserver les raccords de motifs et j’ai défait plus souvent qu’à mon tour les coutures qui ne me paraissaient pas top.

On dirait que quelque chose te tracasse, coupinette ? Tu as une question que tu n’oses pas me poser ?
Ha, ha ! Mais siiii ! Y’a du passepoil ! Le passepoil, c’est le sel de la couture alors bien sûûûûûûr qu’il y en a !
A l’intérieur. J’en ai mis entre les parementures et la doublure. Du jaune, histoire qu’on le remarque un minimum.

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Il est aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur mon blouson, tu ne trouves pas ? Il n’y a pas la moindre couture visible. Tu imagines bien que je n’en peux plus de fierté !

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Merci à ma petite Margot pour cette photo!

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La jeune fille au blouson vert est revenue à la boutique. Ca a été un vrai plaisir de parler avec elle du processus de couture de ce patron. Elle compte se faire une nouvelle version du bomber. Avec un tissu moumoute. Pour ma part, je garde la possibilité d’une version en wax dans un coin de ma tête.

La couture de mon blouson fut un plaisir de bout en bout, un moment de grâce dû à la Fièvre.

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Ça faisait un bail que je n’avais pas eu la Fièvre. Je me suis sentie grisée, quasi exaltée, comme à mes débuts en couture.

D’ailleurs là, au moment où je t’écris, je dors avec un nouveau projet, je respire avec un nouveau projet, je passe les fêtes avec ce nouveau projet, coupinette. Je suis en train de scotcher 32 pages de PDF pour lui, alors que j’ai horreur de ça.

C’est bon signe, tu ne crois pas ?
Tu ne veux pas toucher mon front, qu’on vérifie que la Fièvre n’est pas tombée ? Steuplé ?

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