La robe la plus chère de l’été
Au début, on est humble, presque timide.
On lit scrupuleusement le livret d’instructions de sa machine, on vérifie dix fois qu’on fait bien comme indiqué, on s’interrompt au moindre bruit suspect et on réexamine tout pour s’assurer encore une fois qu’on ne fait pas n’importe quoi.
Au début, on coud lentement, on a trop peur que la machine s’emballe ou se casse (ou prenne feu, on n’est pas très rationnelle au début, on a bien trop peur). On est concentrée, on retient son souffle, on tire presque la langue en cousant. Puis on arrive au bout de son ouvrage et on est enchantée.
On montre à tout le monde ce qu’on a fait, on gazouille d’aise devant les compliments, on se sent gonflée à bloc, on est fière de soi.
Du coup, on se détend face à sa machine, on ouvre moins souvent le livret, on ne trace plus les lignes de couture sur le tissu, on fait à l’oeil, on tombe juste et on s’embrasserait, tellement on se trouve douée. Galvanisée, on va plus vite, on soigne les détails, on cherche l’exacte couleur de fil, la bonne largeur de biais, le bouton parfait. On a une idée lumineuse à l’heure, on se sent capable d’absolument tout, on aligne les créations, on ne dort plus tellement on est excitée et on a l’impression de perdre tout le temps qu’on ne passe pas à coudre.
Et puis on se lance dans les smocks, on est sereine, suffit d’être soigneuse et ça ira, comme tout le reste, comme d’hab. En fait, on en baillerait presque d’ennui tellement on est sûre de maîtriser de bout en bout.
Et c’est là que la musique s’arrête et que la belle histoire s’embourbe.
On en est à sa seconde robe, on a fait 4 lignes de smocks et le fil se casse. Une fois, 5 fois, 10 fois d’affilée.
On est stupéfaite. Mais enfin, qu’est-ce qui se passe, là ?
On est agacée par ce contretemps, on n’a pas que ça à faire, on réessaie. Une fois, 5 fois, 10 fois d’affilée. Et le fil se casse à chaque fois au bout de quelques points.
On se sent frustrée, presque trahie, on ne comprend pas, on réfléchit, on change de fil, on démonte sa machine. Mais rien n’y fait, le fil se casse encore.
On s’énerve sérieusement, on cherche sur le net, on demande conseil autour de soi, les pros doivent bien savoir comment régler ce genre de problème irritant, ce n’est pas possible autrement !
Mais personne ne sait vraiment. On est assommée, on se sent démoralisée, impuissante. Personne ne sait. Comment est-ce possible ? Personne n’a eu ce problème avant ? On se sent seule. On commence à se croire maudite.
Les pros ont mollement suggéré plusieurs pistes, il n’y en a qu’une qu’on n’a pas essayée : faire varier la tension du fil.
On fait des essais, le fil casse encore.
Punaise ! On a les larmes aux yeux tellement on a les boules.
On persévère, on change encore de fil, puis on change la longueur du point, puis on change le fil élastique.
Et là, ô miracle, on fait une ligne entière sans que le fil ne casse.
2 – 3 – Polyester.
Tension du fil 2, longueur du point 3 et fil en polyester, la combinaison magique.
2 – 3 – Polyester, le cauchemar s’arrête, la frustration s’envole, la confiance revient, la tension tombe et les smocks s’alignent à nouveau.
2 – 3 – Polyester, on respire profondément, on est soulagée, presque émue.
Il faudra encore quelques jours pour qu’on se remette totalement du traumatisme de ce bourbier sans nom. Mais déjà, on recommence à sourire quand on voit qu’on a
fini sa robe.
Cette robe créée dans la douleur (grâce au précieux tuto de Soph’ aux manettes et le mouton sauvage), on la baptise Poly23.
On compte bien la porter très souvent, la Poly23. Elle nous a coûté cher. Hyper cher même. On va peut-être même dormir avec, histoire de la rentabiliser au maximum.
Tissu thaï en coton (ramené de Bangkok), fils élastiques (Tissus Reine et Monoprix), fil en coton jaune (IKEA), fil en polyester jaune (Modes et Travaux), élastique plat de 1,5 cm (Monoprix).
j’adore!!! ca valait le coup de s’acharner lol le tissu est magnifique….vive le retour des smocks…. un grand merci pour ta bonne humeur qui donne la peche de bon matin!
bises
Merci Troipom! 🙂
Le pire, c’est que malgré ce douloureux épisode, je suis toujours accro aux smocks :))
Bon et alors, question qui tue ! Quelle largeur de tissu tu as utilisée pour le haut de la robe ?
Je connais encore ces douloureux épisodes de solitude extrême ! lol
Mais BRAVO ! le résultat est là ! La robe et le modèle sont magnifiques !
Crée dans la douleur certes, mais elle valait le coup..et puis maintenant que tu sais ce qu’il faut faire donc c’est bon 🙂
Hey Miss, t’es taguée !!!! Viens par là !
Ta mission : le violet !
elle est quand même super jolie ta robe mais si il a fallu souffrir pour la faire!! moi les smocks, j’ai pas encore osé!! peut etre un jour! 😉
ohh oui accro moi aussi depuis longtemps, mode ou pas lol, d’ailleurs je pense que ce week-end sera…smocks!!!
bises
Merci beaucoup les filles 🙂
– Julay, pour la largeur, j’ai mesuré mon tour de poitrine et je l’ai multiplié par 1,5. Mais je crois qu’il y a un axe d’amélioration là, j’ai envie de couper une forme en trapèze avant de smocker (ici, c’est un rectangle), j’ai l’intuition que ça tombera mieux…
Violet, dis-tu?? Je cours voir ça sur ton blog!
– Eolune, effectivement, j’ai bien l’intention de rentabiliser mon tout nouveau savoir « smockesque » acquis dans les larmes et la douleur (et j’exagère à peine :D)
– Kallou, j’ai vu dans le Burda de juillet une autre méthode pour faire des smocks. Peut-être est-elle moins douloureuse mais je n’ai pas encore bien compris comment ils s’y prennent au juste. Si jamais tu saisis le truc et que tu te lances, je suis preneuse d’une explication de texte.
– Troipom, je guette le résultat sur ton blog 🙂
trèèèès jolie robe
et tous ces embarras pour la machine, ça me rappelle des souvenirs!
Super jolie, ta robe, le résultat est à la hauteur de tes efforts !
Et merci pour le lien, en plus ça me fait plaisir que mon tuto t’ait été utile.
A bientôt !
Que bella!
Ma chère Tatou, cette robe te sied à merveille et te rend encore plus belle que tu ne l’es déjà!
T’es au top! J’ai hâte de voir la prochaine création…
Bisous bisous…
Rubelisix, rien que de penser à mes ennuis de machine, j’ai des palpitations. Et je ne te dis pas les heures passées à re-régler ensuite la tension de mon fil de canette, totalement déréglée lors de mes multiples essais.
-Merci à toi Mouton Sauvage! Sans ton tuto et tes photos qui m’ont directement mise en transe, cette robe n’aurait pas vu le jour 🙂
– Rolk, ma choupette, merci beaucoup, tes encouragements me vont droit au coeur tu sais?
Magnifique! Of course j’en veux une! Parfaite pour BKK…
Trouve le tissu et je te la fais dans la foulée, ma Toubichounette!