Le faire-part (#2)
A son arrivée à Paris, lors d’une de ces longues promenades qu’elle faisait régulièrement à travers la ville, Alix avait trouvé, dans une petite boutique du quartier Montorgueil, d’adorables petites guêtres blanches pour bébé. Et sur une impulsion, elle les avait achetés. Pour le bébé de David.
Elle ne s’était pas encore décidée à envoyer le paquet, elle avait temporisé en trouvant plus judicieux de le donner en mains propres à David, lors d’une prochaine réunion au siège de l’agence à Bruxelles.
C’aurait été sa façon à elle de lui dire au-revoir. Sa façon à elle de dire: « Je comprends. Je ne t’en veux pas et j’ai tourné la page. Sois heureux ».
Tu parles! Il ne l’avait pas attendue pour être heureux! Il n’avait pas besoin d’elle ni de sa permission, pour être heureux.
Mais qu’est-ce qui lui avait pris de croire qu’elle comptait pour lui?
Alix sentit une boule se former dans sa gorge et les larmes lui monter aux yeux mais elle refusa de laisser la tristesse éclipser sa colère.
Le paquet à la main, elle retourna d’un pas vif au salon, rafla le faire-part et l’enveloppe puis alla dans la cuisine. Elle appuya sur la pédale de la poubelle et jeta le tout.
Elle poussa un profond soupir mais elle ne se sentit pas mieux. Au contraire, elle eut envie de pleurer. Elle avait l’impression que c’était elle qui avait été mise à la poubelle.
Elle alla dans la chambre, se changea, prit son lecteur MP3 sur la commode, ses clés dans l’entrée et sortit courir.
Courir en musique à Paris, c’était son grand plaisir. Elle ne faisait jamais de sport quand elle habitait à Bruxelles. Mais elle s’était mise à la course à pieds en arrivant à Paris et elle adorait ça. Surtout au crépuscule. Dans le ciel qui s’éteignait, la ville lui paraissait magique, parée de ses lampadaires comme d’autant de bijoux.
Elle gagna le jardin du Luxembourg à petites foulées, y courut une cinquantaine de minutes puis rentra par le même chemin en marchant lentement et en soufflant bien fort.
Cela lui avait fait du bien, comme toujours. Sa colère avait pratiquement disparu quand elle poussa la lourde porte de l’immeuble.
Mr Sédard, le mari de la concierge, sortait de l’ascenseur, une boîte à outils à la main.
Il lui adressa un petit signe de tête et elle s’arrêta pour le remercier d’avoir changé la plaque sur la boîte aux lettres d’Alexandre. Vaguement mal à l’aise, il lui répondit que c’était tout à fait normal, c’était son travail de changer ce qui devait l’être.
Il marqua un temps d’arrêt, comme pour réfléchir à ce qu’il venait de dire, puis s’effaça pour lui permettre d’entrer dans la petite cabine.
Alors que l’ascenseur s’élevait vers son étage, Alix se mit à sourire. La vieille dame avait raison, Monsieur Sédard était un bon gardien. Ou son titre était-il « concierge »? Elle ne savait pas trop, il faudrait qu’elle vérifie la prochaine fois qu’elle passerait devant le panneau d’information près de la loge. Elle n’était pas encore familiarisée avec son nouvel immeuble. A part Alexandre, elle ne connaissait personne. Ah si, elle avait déjà aperçu la vieille dame et sa petite-fille.
Elle eut alors une idée qui acheva de la rasséréner.
Alexandre était rentré et à l’odeur dans l’entrée, elle devina qu’il était en train de préparer le dîner. Elle se dirigea vers la cuisine, sourit en le voyant penché sur une casserole, manifestement très concentré. Elle s’avança à pas de loups, se plaça juste derrière lui et lui souffla « Bouh! » dans le cou. Il sursauta, lâcha la cuillère en bois avec laquelle il touillait cérémonieusement sa sauce, se retourna, sourit puis l’enlaça.
« Tu veux que mon cœur lâche, c’est bien ça? »
« Ca va mon amour? », répliqua t’elle. « Qu’est-ce que tu nous fais de bon? »
Il déposa un petit baiser sur ses lèvres.
« J’innove, ce soir: je te prépare des pâtes aux pistaches.» dit-il en retournant à sa sauce.
Alexandre adorait les expériences culinaires. Surtout celles à base de pâtes.
« Ah. Et sinon, on mange quoi ? » fit-elle d’un ton moqueur qui lui valut une chatouille.
Elle s’éloigna en riant et s’arrêta devant la poubelle qu’elle ouvrit prestement. Jetant au préalable un coup d’œil vers Alexandre, qui, tout à sa nouvelle recette, avait le dos tourné, elle se pencha et récupéra le petit paquet qu’elle y avait jeté. Par chance, l’emballage n’avait pas été tâché.
Elle annonça qu’elle allait prendre une douche et quitta la cuisine, le paquet sous le bras.
En gagnant la salle de bains, elle repensa à son idée et la trouva décidément excellente.
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Alors que je finissais le pull à étoile rayée de ma poussinnette, je me suis mise à penser à toutes les petites robes qu’elle avait dans son armoire et que je ne lui mettais jamais (pas étonnant qu’on la prenne encore bien souvent pour un petit garçon). C’était dommage, il y en avait de jolies. En y réfléchissant plus longuement, il m’est apparu que je ne lui en mettais pas parce que j’étais sûre que malgré une bonne paire de collants, ma poupounette se caillerait les miches en robe, vu qu’on est quand même en hiver. Alors j’ai pensé à un moyen simple de lui réchauffer les gambettes: je lui ai tricoté des guêtres. Depuis, coupine, je lui mets des robes (comment ça, deux robes en 3 mois, c’est peu?! Attends, coupine, c’est carrément bien par rapport à zéro robes, je te signale).
Recette:
Pas de recette, coupine. J’ai monté des mailles que j’ai tricotées en côtes avec des aiguilles 3, puis j’ai continué en jersey avec des aiguilles 3,5 et j’ai terminé par des côtes. Simplissime. Je ne peux même pas vraiment parler d’improvisation, on est ici plus dans l’exercice que dans la création tricotesque.
Ingrédients:
Laine Mérinos Alpaga (Phildar) coloris « écru »
Grains de sel:
Pas de recette donc pas de grain de sel, coupine.
Les montagnes à gravir:
Aucune. C’était plat comme la Belgique, cette affaire.
Ce qui m’a franchement plu:
– J’ai tricoté les guêtres en même temps (enfin, la première fois) et c’est monté très vite, ce qui est trèèès agréable.
– Vu que ce sont de toutes petites pièces, je les ai cousues direct et sans une plainte.
Ce qui m’a franchement barbée:
– Alors que j’abordais la dernière ligne droite (les côtes en haut), j’ai commis l’erreur de les faire avec mes aiguilles 3,5 au lieu des aiguilles 3. J’ai dû détricoter, le fil accrochait un peu et du coup, je me suis énervée, j’ai tiré comme une brute et je me suis retrouvée avec un énorme noeud que j’ai mis une bonne demi-heure à démêler. Je reprends la fin de la partie en jersey… et je recommence à faire les côtes en aiguilles 3,5 au lieu des 3 (parfois, coupine, je ne me comprends pas…). Bref, j’ai refait la fin de ma première guêtre 3 fois et celle de la seconde 2 fois.
– J’ai mal calculé mon coup: je voulais que les guêtres tire-bouchonnent sur les jambes de ma coquelicote et ce n’est visiblement pas le cas. je ne sais pas où j’ai trébuché…
– Le haut des guêtres n’est pas très élastique. Il me faudrait une technique pour rabattre plus souplement mes mailles. Si tu as un truc, coupine, je suis très intéressée.
Do it again:
– Si je devais recommencer, ou quand je recommencerai l’hiver prochain, je ferai des guêtres plus longues. J’ai vraiment envie qu’elles tire-bouchonnent.
– L’hiver prochain, je les tricoterais en côtes, je pense.
Mais oui j’en ai une solution pour que cela soit bien plus élastique . Il faut fermer à la main et l’aiguille un peu comme coudre au point arrière. Il y a une vidéo sur internet mais je n’ai pas internet et avec l’iPhone, difficile de te la chercher pour mettre le lien. Désolée de te faire saliver…. Enfin je fais comme toi avec l’histoire…. J’attennnnnnnds la suiiiite!!!!! Bises.
^^
Pour ce qui est de rendre la bordure plus élastique : je trouve que le « sewn bind-off » (ahem, je ne sais pas quel est le terme utilisé en français) fonctionne pas mal 🙂
Sinon il y a cette vidéo qui explique comment monter les mailles de façon très élastique que j’avais utilisée (c’est en anglais, mais si jamais l’anglais n’est pas ton fort, on voit bien rien qu’avec la vidéo je trouve :P). Par contre ce n’est pas pour rabattre les mailles donc, mais ça peut quand même t’être utile pour tricoter des guêtres !
Sinon, j’ai hâte de connaître la suite de l’histoire ! 🙂
😀 Gab, j’attendrai donc le lien si tu le retrouves, je suis très intéressée!
Merci Lucie! Et la suite bientôt, promis!
très bonne idée les guêtres!
j’ai le même souci avec ma princesse, toujours peur qu’elle ait froid aux gambettes, donc les guêtres sont déjà sur ma todo-list de cette semaine, mais en couture pour ma part 🙂
j’attends avec impatience la suite de l’histoire, quel plaisir de te lire!
Je suis vraiment enchantée à la lecture de chaque nouvelle avancée dans ton histoire j’adore!
Pour les guêtres je ne peux qu’admirer bien incapable d’en faire autant. Bravo!
Merci beaucoup Adeline! 🙂
Tu vas les coudre en quoi, toi, les guêtres de ta princesse? En polaire?
Rhouuuu que ça me fait plaisir de lire que l’histoire te plaît Laurianne! Merci!
Super ces mini-guêtres ! Et j’attends la suite tous les jours avec impatience !!
Merci Marion! A bientôt alors!
Je veux un livre!!!!!
Trop mimi (euh… mimies ?) ces guêtres de petiote !
Bon, eh, sinon, c’est quoi l’idée d’Alix ? J’ai envie de savoir moi !
Et oui, Dodie dodue, si un éditeur passe par là, ON VEUT UN LIVRE !!!!! Qu’on pourra tout dévorer d’un seul tenant, sous la couette, avec une lampe de poche, pour ne pas gêner Monsieur qui ronflerait à côté… 😉
Jolies guetres!!!!! Et vivement la suite de ton histoire…
Et bien cette fois, j’ai voulu ruser et lire d’un coup les deux à la suite;
donc j’ai patienté jusqu’aujourd’hui, mais y’a pas la suite, bouhouh!!!
Super d’avoir réalisé les guêtres de l’histoire( c’est ce que j’aime aussi dans tes p’tites nouvelles, ce lien avec tes créas), malheureusement je n’ai pas de bons tuyaux côté tricot.
Pascale
Attends, tu nous fais mariner des jours entiers avec tes histoires à suspense qu’on crève d’envie de connaitre la suite, et tu crois qu’on va te filer nos super techniques de tricot ?? Non mais tu rêves !!
(bon, en même temps hein, moi j’y vais progressif et pour l’instant je ne maitrise (enfin, c’est très relatif) que le point mousse et les augmentations (je fais un trendy quoi !!) alors je risque pas de t’aider de toute façon 🙂 !!)
j’adore ton style…… j’aime lire ça tombe bien !
Superbe la chorégraphie de ta miss et les guêtres sont du plus bel effet. J’en ai fait une fois pour ma princesse, elle en voulait mais ne les as mis qu’à la maison ! n’assume pas trop son côté princesse je crois.
C’est super mignon ces guêtres et je suis accro à ton petit roman qui ne sera peut-être pas si petit? En tout cas Tasticotinne, pour ton info, la Flandre au loin là bas c’est un peu plat mais va en vélo à Bruxelles ou en Ardenne ou partout ailleurs et tu verras que la Belgique c’est pas du tout du tout plat du tout (dit la fille qui a subi le vélo). 😉
Top classe ta poupée avec ses guêtres!
Ah moi aussi, j’aimerais bien que ça finisse en livre tout ça, Dodie Dodue. 🙂
😀 Graine de Blé noir!
J’ai cru que je n’arriverais jamais à poster ce week-end. Mais c’est fait, la suite de mon histoire est en ligne. Merci pour les mini-guêtres!
Merci Nafi! 🙂
Ca y est, la suite est en ligne Pascale. A la base, mes histoires m’étaient inspirées par mes coutures. Là, depuis le début de l’année, c’est un peu moins vrai mais j’aime bien garder un lien entre mes coutures et mes écrits.
Lol Caro! Désolée de t’avoir laissée sur des charbons ardents. J’allais te promettre de ne pas recommencer mais je sens bien que je m’installe dans un rythme de « un bout d’histoire chaque week-end »…
Merci Anne, ça me touche beaucoup que tu aimes mon style. Du côté des guêtres, heureusement qu’il y a des chaussons pour les « bloquer », la coquelicote semble mettre un point d’honneur à essayer de les enlever le plus vite possible. 🙂
😀 😀 😀 Je te présente mes excuses les plus plates (huhuhuhu!) pour avoir dit que la Belgique était un pays plat Yanoudatoi (tu as donc parcouru les Ardennes à vélo? Par amour ou…?).
Merci pour les guêtres!
Quant à l’histoire, elle n’en finit plus de s’étoffer dans ma tête. Alors je fais simple, tant qu’il y en a, j’écris. 🙂
Rho merci Célinette! 🙂
Je suis vraiment contente d’avoir découvert ton blog !
Merci Nata! 🙂