Le machin américain – suite et fin
La bulle de Mathilde a éclaté un matin de Décembre.
Ce jour-là, Billy était entré boire son café et puis il était resté là, perché sur son tabouret. Mathilde tricotait, ses pelotes dispersées sur la petite table du coin. Billy s’était éclairci la gorge puis avait murmuré qu’il allait partir. Mathilde avait entendu, puisqu’elle en avait lâché une aiguille, mais elle lui avait demandé de répéter. Et Billy s’était tourné vers elle et lui avait expliqué qu’il fallait qu’il parte, qu’il fallait qu’il monte à la capitale, tenter sa chance. Et il avait ajouté qu’il reviendrait. Ça, ce n’était pas bien, il mentait et je le savais. J’avais regardé André et il m’avait rendu mon regard : lui aussi le savait.
Billy avait souri, il avait promis à Mathilde qu’il reviendrait avant qu’elle ait fini de tricoter son machin américain (un « snoude » qu’elle appelait ça, la petite), bien avant même, vu comme elle était lente. Et Mathilde l’avait cru. Et elle avait dit « Chiche ! » en souriant elle aussi.
Les jours suivants, on voyait bien qu’elle avait du chagrin, la petite. Mais elle ne disait rien. Elle ne souriait plus mais elle ne s’enfermait pas non plus dans sa chambre, comme avant. Elle restait assise dans le café, et elle tricotait. André était soulagé qu’elle descende se mêler à nous, il disait qu’elle oublierait, qu’elle s’en remettrait.
Sauf que la petite ne faisait que tricoter. Pour faire revenir Billy, à mon avis. Elle tricotait toute la journée et pourtant, son ouvrage ne semblait pas avancer. Je me suis même demandé si elle n’en défaisait pas une partie la nuit, pour ne pas finir trop vite, pour qu’il ait le temps de retrouver la route du village.
Et puis un matin, elle a changé de tactique. Elle a accéléré, au contraire. Elle tricotait même de plus en plus vite, et son machin avalait les pelotes de laine à une cadence effrénée. Quand je lui ai dit, pour rire, qu’elle ressemblait à un escargot dopé, elle a levé les yeux et m’a dit qu’il reviendrait sans doute le jour où elle aurait fini. Elle en était quasi sûre. Alors elle se dépêchait de finir son « snoude ». Pour qu’il revienne vite.
Sauf que le jour où elle l’a terminé, Billy n’est pas revenu. Et le lendemain non plus. Mathilde avait le regard de plus en plus sombre, comme noyé. Elle luttait pour continuer d’espérer, elle attendait stoïquement au café, tournant vivement la tête dès qu’elle entendait la clochette de la porte. Mais Billy n’arrivait pas, Billy n’est jamais revenu.
Elle est partie un mardi matin. On l’a cherchée partout mais elle avait disparu. Elle lui avait laissé une lettre, pour ne pas qu’il s’inquiète, mais André a quand même pris vingt ans d’un coup. Elle disait qu’elle allait rejoindre Billy à Paris, qu’elle allait lui montrer son « snoude » et le ramener. Qu’elle reviendrait très vite et qu’elle s’excusait pour les sous qu’elle avait pris dans la caisse.
Petit moineau parti affronter le monde avec son tricot.
André est monté à la capitale, il l’a cherchée pendant des jours et des jours. Il est revenu bredouille et il s’est mis à attendre. A attendre sa Mathilde. Et à vieillir.
C’est depuis ce jour-là qu’au café, le cœur n’y est plus.
Sur le très joli blog de Van & Nina (allez voir, elle fait plein de belles choses et en particulier de magnifiques photos), qu’ai-je vu un jour? un « textured snood ». Originalité, mélange de points au tricot (et donc occasion de m’entraîner un peu), froid mordant dehors et surtout petit tuto détaillé gentiment posté quelques jours après. Résultat de tout ça: je me suis lancée sans hésiter et j’ai tricoté pendant toutes les fêtes (ça tombait bien, je prenais souvent le train) :
Laine sport classique bleue (Tissus Myrtilles – L’Entrepôt) tricotée en aiguilles 6
Par rapport au modèle posté par Van, j’ai tricoté avec des aiguilles non circulaires et j’ai enlevé 12 mailles pour que le snood soit moins large.
Au début, j’ai vraiment douté sur la couleur de la laine. Elle me plaisait bien en pelote mais là, au début du tricot, j’avais peur de tomber dans le style serpillère. Et puis finalement, j’ai été convaincue et bien contente d’avoir choisi cette couleur-là.
J’ai progressé tranquillement sur mon snood, jusqu’à la fin de ma huitième et dernière pelote. Sachant que je n’avais pas fini. Donc agacement intense, recherche effrénée d’une pelote de cette laine achetée à Nantes (impossible de m’en procurer facilement au même endroit, quoi…), achat en catastrophe sur le net et enfin, fin du snood. J’ai un peu flippé quand même, j’avoue.
Alors mon snood est très gros, je ne vois pas où je marche quand je le porte, mais il me garde la gorge et la tête au chaud et ça, j’aime j’aime j’aime. Et puis je trouve qu’il me donne un style pointu (genre à la pointe de la mode) alors je suis hautement satisfaite.
J’adore ! J’adore ! J’adore ! Tant le texte que le snood (je ne connaissais point ce mot).
Et tu as tout à fait raison, il fait pointu dans le genre AfroK-inesque 😉
Merci Merlinette! 🙂
J’avoue que je ne connaissais pas non plus mais bon, je suis plutôt mal pourvue, niveau vocabulaire modesque…
Très belle histoire….comme d’habitude !!!
Ton snood est super beau, il te va très bien !!!
Merci pour les liens !!!
Bon là par contre je te déteste un piti peu…
Parce que j’en ai envie depuis longtemps MAIS QUE JE NE SAIS PAS TRICOTER !!!
il est splendide !!!
Très joli ce snood et bien plus travaillé que les modèles qu’on voit fleurir partout sur la blogo (et moi j’aime bien les modèles travaillés). En plus ce bleu te va à ravir.
Superbe,
exactement le genre de truc que j’ignore en me disant c’est quoi ce tube ?! … et pi porté ben c’est hyper joli, en plus d’être chaud … ce qui ne gâte rien par les temps qui courent ma pov’dame !!!!
Bravo la tricoteuse ! c’est beau l’abnégation …
Merci Céline! 🙂
Et pas de quoi pour les liens.
Mais… mais… moi je t’aime, Julay. 🙁
Et qu’est-ce que tu attends pour apprendre si ça te fait envie le tricot, Mmh?
Aaaah! Dans mes bras Angel!
Ah ben Za’pristi, moi dans les magasins, je n’accordais pas un regard aux cols et autres accessoires du genre. « Trop mode pour moi ça, c’est clair ».
Et puis j’en vois un, deux, trois, sur la blogo. Et puis je lis les textes avec. Et puis je me dis « spa mal du tout ce truc, en fait ». Et puis ça m’obsède. Et puis je me lance. Et puis ça me prend plein de temps.
Mais bon, au final, je me gèle moins alors disons que c’est une bonne opération.
rooo j’adore il est super joli !!
J’ai reçu plein d’aiguilles en bambou je suis motivée pour le lancer à fond dans le tricot la !
Super bonne nouvelle, ça, Like A Star! J’ai bien hâte de voir les merveilles que tu vas produire.
Je sens que je vais camper sur ton blog, dorénavant. 😀
Merci! 🙂
milles merci tatiscottine, pour le très très joli texte, le très gentil petit mot, je suis super touchée 🙂 et ton snood est vraiment superbe et surtout il te va très bien! merci encore!
Ah non! Merci à toi Van!
Je veux le même 😮 En noir 😮
Alors à tes aiguilles, Pimsy ( On sait que tu maîtrises )!
😀
Oh pinèèèèèèèèze !! Trop beau ! Bon, j’ai les aiguilles, un bouquin, je m’y mets !! 😛
Super Iza! J’ai hâte de voir ce que ça va donner! 🙂
C’est donc ça un snood!! Il est super! Franchement chapeau!! T’es douée dis donc 😉
Vi, c’est ça un snood! 🙂
Merci Crépunette!
Ban comme tu veux pas m’en faire un hein, je vais me le faire… Je cherche mon fil noir là (en vain pour l’instant :/ )
A la bonne heure Pims! Je suis persuadée que tu vas tricoter ça en flip flap deux jours. 🙂
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