Le Prince Charmant
Sweat le Confortable – MLM Patrons – Taille S avec marges
Sweat pailleté – Cadeau de Momo | Mélange laine et soie – De Gilles
Entre lui et toi, il ne devait pas y avoir d’histoire. A peine une amourette, une flamme éphémère, un flirt sans conséquences.
Quand Momo te l’a offert, tu l’as trouvé pétillant, ce coupon de sweat. Il te plaisait bien même. Mais des jolis petits lots comme lui, tu en avais déjà connus plein. Alors au début c’est vrai, il ne t’a pas impressionnée.
Tu as même pensé à le présenter à ta libellule, il aurait fait un chouette copain pour elle, avec toutes ses paillettes. Tu étais sure qu’il lui plairait. Après tout, il avait une tête bien sympathique.
Entre lui et toi, il ne devait pas vraiment y avoir d’histoire. Les tissus, toi tu les collectionnais, et, comme tous les autres, tu l’as rangé et puis tu l’as oublié.
Pendant un an, puis deux, peut-être même trois.
Et puis un jour, alors que tu faisais du tri, tu l’as recroisé. Et là, il t’a tapée dans l’œil. Sérieusement. A vrai dire, il t’a éblouie, enflammée. Il t’en a mis plein les mirettes. Il s’est installé dans un coin de ta tête et n’en a plus bougé.
Tu as fini par t’avouer que tu le voulais pour toi, rien que pour toi. D’habitude, tu es du genre partageuse, mais pas cette fois-là.
Allez va ! T’es-tu dit, ta libellule en trouverait bien un autre. Un de perdu, dix de retrouvés après tout ! Les jolis tissus, c’est pas ça qui manque. Alors elle arriverait bien à se consoler.
Et un soir, tu l’as invité à sortir. Tu te souviens ? Tes yeux brillaient, tu avais envie de battre des mains mais il y avait des témoins et tu ne voulais pas paraître puérile.
Tu savais bien que tu t’emballais. Les tissus… Depuis le temps, tu les connaissais bien, tu savais qu’ils ne tenaient pas tous leurs promesses.
Manches heu… 7/8e, on va dire. Tu comprendras pourquoi par la suite.
Mais lui, il était différent, tu le sentais. Avec lui, ce serait beau, ce serait bien. Avec lui, tu te sentirais belle et légère. Tu en étais sure. Lui, tu avais envie de croire ce qu’il te murmurait quand tu le regardais. Tu avais envie d’y croire très fort.
En sortant ton patron tout prêt à jouer les entremetteurs, tu as fredonné pour lui. Tu pensais à vos lendemains confortables et tu as fredonné un air joyeux pour lui plaire.
Tu as placé ton patron sur ton beau prince scintillant. Et tu as entendu la fausse note. Ou plutôt, tu l’as vue.
Il n’y avait pas assez de tissu.
Il était trop petit.
Tu n’as pas voulu y croire. Il ne pouvait pas être trop petit, c’était l’élu de ton cœur !
Dans quel conte de fée y avait-il un prince plus petit que sa dulcinée ? Non, il devait y avoir une erreur. Tu as déplacé tes pièces de patron, tu les as inversées, collées les unes aux autres, retournées et mises tête bêche. Rien n’y a fait.
Il.n.y.avait.pas.assez.de.tissu.
Finitions à la main pour qu’il n’y ait pas de coutures visibles
Et ce qui acheva de te saccager le cœur, c’était qu’il ne manquait que 15 centimètres à ton prince Diamant pour être parfait. 15 centimètres entre le bonheur et vous. 15 petits centimètres maudits qui allaient t’empoisonner plus efficacement qu’un morceau de pomme rouge offerte par une sorcière au nez crochu.
Tu n’as pas renoncé, tu n’as pas accepté la fatalité, tu n’as pas sagement tourné les talons. C’était trop tard. Bien trop tard : Il t’avait tourné la tête. Prise dans ses filets, tu ne pouvais plus te détourner de lui.
Ce n’était pas qu’il n’y avait pas assez de tissu. C’était plutôt qu’il y en avait presqu’assez, te répétais-tu alors. Presqu’assez. Et ce presque sur lequel tu trébuchais quand tu t’approchais des étoiles qu’il faisait briller pour toi, ce presque qui te narguait en venant bousiller ta belle histoire avant même qu’elle ne s’écrive, ce presque qui t’avait paru insurmontable au départ te faisait de moins en moins peur.
Tu as décidé de te battre. Tu ne supportais pas l’idée de laisser tomber alors que tu savais que vous étiez à l’aube d’une histoire magique. Tu ne voulais pas que vous vous sépariez. Pas comme ça, pas avant d’avoir essayé.
Tu as alors remué ciel et terre, à la recherche d’une solution à votre problème. Tu as écumé la ville, tu as frappé à toutes les portes, tu as fouillé dans tous les recoins du net. En vain. Tu n’as pas trouvé. Tu n’as rien trouvé.
Y’a pas à tortiller: la taille S me va bien mieux que la taille M.
L’idée d’abandonner t’a effleurée. De plus en plus souvent. Mais tu as serré les dents, tu as serré les poings. Tu ne voulais pas, tu ne pouvais pas abandonner. Tu étais comme envoutée.
Et puis un jour, tu as eu une idée. Et si tu ne cherchais pas du sweat ou du jersey pour le rehausser ? Et si tu cherchais autre chose ? Quelque chose de précieux ? Une matière plus délicate ? De la soie ?
Tu ferais de votre histoire quelque chose de merveilleux, une de ces légendes qu’on raconte aux apprenties couturières pour les distraire ou les faire rêver.
Tu ferais de votre histoire une grande histoire de couture.
Et soudain, la chance a tourné : cette idée est devenue réalité. Chez De Gilles (encore ouvert à l’époque), tu es tombée sur un mélange de laine et de soie. De l’exacte nuance qu’il te fallait pour grandir ton prince chatoyant.
La petite idée de dernière minute…
Il était hors de prix, ce mélange. Et il fallait en prendre au minimum un mètre.
Mais tu t’en foutais. Tu étais prête à tout pour lui et tu n’as pas regardé à la dépense. Tu en as pris un mètre (l’adorable vendeur, peut-être amusé par ton enthousiasme bruyant, t’en as offert 70 bons centimètres de plus) et en serrant ton butin contre toi, tu es rentrée, enfin apaisée.
Tu avais trouvé.
Tu avais trouvé ! Tu avais trouvéééé !!!
Désormais, rien ne pouvait plus vous séparer, ton prince et toi alliez pouvoir être ensemble. Enfin.
L’émotion t’embuait les yeux lorsque tu as enfin coupé les pièces qui vous manquaient dans l’étoffe soyeuse et docile.
Tu as voulu mettre les petits plats dans les grands et tu as carrément sorti Pélagie* de sa torpeur pour l’occasion. Elle a ronronné toute une journée et alors que le jour déclinait, tu as enlacé ton aimé, soudain intimidée à l’idée de l’essayer.
Le happy end pointait son nez quand votre belle histoire a eu comme un hoquet. Ou plutôt un couac, tu ne sais plus, tu n’as pas bien entendu. Le destin s’acharnait, il abattait une dernière carte pour tenter de vous séparer.
A l’essayage, tu ne passais pas les hanches.
Incrédule, tu as réessayé.
Tu ne passais pas les hanches dans ton joli sweat brillant.
Le mélange laine et soie n’est pas extensible. Et tu as pris cette information en pleine figure au moment de tes noces. Le sweat restait coincé, comme une bague sur un doigt boudiné.
Tu as pensé à rompre. A t’enfuir. Et si tu t’étais trompée ? Si votre histoire était maudite ? Après tout, tu l’avais volé à ta libellule ce prince charmant. C’était peut-être ça que tu payais là, devant l’autel. Tu étais peut-être punie ?
Tu l’as regardé, ton prince chéri. Et tu as replongé illico. Tu l’avais trop dans la peau pour le quitter sans lutter. Tu as défié le destin, tu as béni le vendeur de chez De Gilles et tu as recoupé une bande plus large pour le bas de ton sweat. Tu l’as faite encore plus belle, tu as froncé le bas de ton sweat et tu es retournée à l’autel.
Entre lui et toi, il ne devait pas y avoir d’histoire. A peine une amourette, une flamme éphémère, un flirt sans conséquences.
Et pourtant, ensemble, vous aviez traversé le pire, et alors qu’enfin vous vous disiez « oui » pour la vie, il ne vous restait à vivre que le meilleur.
*Pélagie est ta trop-peu-souvent-utilisée surjeteuse chérie
Comme j’aime te lire, et comme je me reconnais dans ton aventure, moi qui ai lutté et rusé et bidouillé il y a quelques jours seulement pour faire rentrer les pièces d’une chemisette dans 80cm au lieu des 1m20 recommandés (raccord des carreaux en prime, sisi).
Très chouette texte, et encore plus chouette sweat tout étincelant et très chic !
Madame, ton nouvel amoureux est de toute beauté!! Accord parfait, symbiose fusionnelle… Je te le piquerais bien si j’étais ce genre de filles (et si je rentrais dans du S, hum). Bravo pour cette reconquête, vous faites un superbe couple! 😀
Quelle plume, et quelles belles finitions! j’adore tout dans ce billet 🙂
Merci pour toute l’histoire qui entoure la création de ce sweat et ces jolies photos. J’ai passé un très bon moment à te lire.
Je vous souhaite à tous les deux de vivre heureux de très longues années.
Une jolie histoire pour un très joli pull !
Il est magnifique ce haut !! tout à fait utile pour cette saison
Quelle tristesse cela aurait été si ce grand amour n’avait pas pu prendre forme ! le résultat est tellement chouette ! Bravo Tasticottine ! Des bises
Avec Pélagie en témoin de cette magnifique alliance, je suis certaine que cette union est faite pour durer !!
je t’avoue au moment du coinçage comme sur un doigt boudiné, j’ai vraiment eu des sueurs, mais quelle ténacité !! Comme quoi l’Amour se joue de toutes les difficultés !!
Je vous souhaite tout le BonHeur du monde et dans la soie …en plus !!
Un conte de fée qui se termine bien , c’est normal !! Mais quel suspense !!
Attention au lavage, il ne faudrait pas que le prince se rebelle une nouvelle fois !! lol !!
Bravo!
J’adore! Il est absolument magnifique et ton histoire est hilarante!