Le sac inachevé
Mais qu’est-ce qu’il fichait à la fin, ce bus ? Pourquoi n’arrivait-il pas ??
Amy en avait assez d’attendre. Il n’y avait nulle part où s’asseoir et elle avait horriblement mal aux pieds. En plus, il faisait une chaleur étouffante et elle transpirait abondamment dans son nouveau tailleur.
Génial, ce premier jour de travail. Elle avait pensé qu’elle passerait une journée tranquille, qu’on ne lui demanderait pas grand-chose, qu’on la laisserait se familiariser avec son nouvel environnement et qu’elle n’attaquerait ses tâches d’assistante que le lendemain.
Et bien, pas du tout ! Dès son arrivée, sa patronne l’avait envoyée porter un paquet au fin fond de Harlem. Comme un quelconque coursier. Amy se sentait un peu vexée et savoir qu’il s’agissait d’un colis important ne changeait rien à ce sentiment.
Sortant son pied gauche de son escarpin, dans l’espoir d’un soulagement, même temporaire, Amy balaya la rue du regard. Il n’y avait pas un chat par ici. Il n’y avait pas un bruit non plus d’ailleurs. Cela la rendait nerveuse et elle avait hâte de regagner l’agitation de Manhattan. Elle s’essuya le front du dos de la main, étalant la poussière qui s’y était collée, et soupira : son maquillage allait être totalement ruiné.
Soudain, elle aperçut un homme qui tournait au coin d’un immeuble sur le trottoir d’en face. Petit et trapu, il avait le cou épais, le dos très large et des jambes plutôt courtes. Amy n’aurait pas su dire quel âge il avait, sans doute la quarantaine. Il portait un costume clair qui contrastait avec sa peau d’ébène. Il portait un curieux couvre-chef en tissu africain sur son crâne rasé.
Amy baissa les yeux sur son sac à main. On aurait dit le même tissu. C’était sa mère qui le lui avait ramené de Côte d’Ivoire, quelques années auparavant. C’était son sac fétiche et même s’il n’allait pas vraiment avec son tailleur, avec ses anses en bambou et ses larges motifs, elle avait tenu à le prendre pour son premier jour de travail. Elle pensait qu’il lui porterait bonheur.
Elle releva les yeux en pensant qu’il avait manifestement échoué dans sa mission et eut un choc : L’homme s’était immobilisé au milieu du trottoir d’en face et la regardait fixement.
Elle se raidit et serra instinctivement son sac à main.
Mais pourquoi la fixait-il comme ça ? Parce qu’elle détonnait dans le paysage de Harlem avec ses boucles blondes et son tailleur ? Avait-il l’intention de l’agresser ? Misère, mais qu’allait-elle faire s’il se jetait sur elle ? Il n’y avait personne pour la secourir et elle ne pouvait pas courir, elle avait trop mal aux pieds.
Elle décida de faire comme si de rien n’était et regarda ailleurs. Seulement ça l’angoissait de ne plus avoir l’homme dans son champ de vision. Comment saurait-elle ce qu’il manigançait ? Elle jeta vers lui un coup d’œil qu’elle espérait discret et sentit la panique la gagner. Il traversait la rue ! Il traversait la rue et ne la quittait pas des yeux ! Oh non !! Il allait l’attaquer, c’était sûr ! Elle allait peut-être être assassinée lors de son premier jour de travail ! Egorgée en plein jour, comme un vulgaire poulet !
Elle n’avait pas sa bombe anti-agression sur elle, elle ne pouvait rien faire !
Peut-être que si elle lui donnait son argent, il lui laisserait la vie sauve ?
Quand l’homme ne fut qu’à quelques mètres d’elle, elle lui tendit son sac en criant : « Tenez ! Prenez-le, prenez ce que vous voulez, mais ne me faites pas de mal ! S’il vous plaît ! »
A suivre…
Bon, ok, ma résolution d’écrire des historiettes plus courtes aura été un voeu pieux, je suis une personne verbeuse, c’est plus fort que moi. Donc j’ai décidé de sauver les apparences et mon honneur en faisant style tout ceci fait partie d’un plan maîtrisé destiné à vous faire flipper un peu pour la petite Amy qui est dans de beaux draps.
La suite! La suite!
Ca arrive tout de suite Céline!
Ah mais, on t’en veux absolument pas de la longueur de ton histoire. Je vais de ce pas lire la suite des aventures d’Amy !
Bon ben tant mieux! 🙂 Parce que ce n’est pas gagné, la concision, finalement.