Le Thalys de 8h35 (1/2)
Le train allait avoir du retard.
Satané Thalys! Alexandre fronça les sourcils, contrarié par cette annonce. Il recommença à faire les cent pas sous le panneau affichant les arrivées à la gare du Nord, jetant malgré tout des coups d’oeil à la ligne correspondant au train en provenance de Bruxelles et espérant vaguement qu’il serait finalement à l’heure.
Il se sentait nerveux. Qu’allait-il lui dire?
« Bonjour, vous me reconnaissez? On était assis côte à côte dans le train, la semaine dernière. Je vous offre un café? ».
C’était d’une banalité affligeante, il le savait bien, mais il n’avait rien trouvé d’autre.
Il était tôt mais la gare grouillait déjà de monde. Alexandre regardait distraitement le flot de voyageurs pressés déversé par un TGV en provenance de Lille-Flandres, lorsqu’une voix féminine précisa que le Thalys aurait 35 minutes de retard.
Fichu train!
Il avait les mains moites malgré la fraîcheur matinale. Il se sentait comme un collégien à son premier rendez-vous. A 37 ans, c’était ridicule. La plupart du temps, à la banque où il travaillait comme analyste, en société, en famille ou avec ses nombreux amis, il était à l’aise et sûr de lui. Mais là, il se sentait fébrile et avait du mal à déglutir.
Il voulait la voir, lui parler, ressentir à nouveau ce qu’il avait éprouvé dans le train la semaine précédente, ce merveilleux bien-être et cette légèreté qui l’avaient accompagné pendant l’heure et demi qu’avait duré le trajet.
Il lui était littéralement tombé dessus, sur le quai à Bruxelles-Midi. Les dossiers qu’elle tenait sous le bras avaient volé et elle lui avait crié dessus pendant que, penaud, il l’aidait à ramasser ses feuillets.
« C’est pas vrai ça! Vous ne regardez jamais où vous allez? Regardez-moi ce bordel maintenant! Pfff….Oh et puis faites attention, vous allez marcher dessus! C’est pas possible ça! Donnez-moi ça! Donnez-moi ça, je vous dis! Je les reclasserai moi-même! ».
Piqué au vif, il avait lui aussi haussé le ton. « Bon ben ça va, hein? Je vous ai dit que j’étais désolé, pas la peine de m’engueuler comme ça! Je suis désolé, DESOLE! Ca vous va ?! » et sur un regard venimeux, il s’était éloigné à la recherche d’un endroit où prendre son café.
Il était de mauvaise humeur, ce matin là. Ça avait été une mauvaise idée de rester à Bruxelles pour le week-end, après sa semaine de formation. Il avait plu sans discontinuer et il s’était ennuyé ferme, à faire le touriste tout seul sous la pluie. Il avait dû se lever tôt pour regagner Paris, s’était trompé de ligne de métro en allant à la gare et il ne lui restait plus une once d’amabilité à prodiguer à cette furie.
Il avait trouvé sa place dans le train et était en train de ranger son sac de voyage dans le compartiment au dessus de son siège quand il avait entendu « Ah non, pas vous! C’est bien ma veine, ça! ». Il avait reconnu sa voix avant de baisser les yeux vers la jeune femme qu’il avait bousculée quelques minutes plus tôt. Elle était jolie, malgré son air agacé.
« Ah ben merci, ça fait plaisir! » avait-il répliqué. « Si vous n’êtes pas contente, vous n’avez qu’à aller vous asseoir ailleurs. »
« Mais non, le train est plein à craquer! Et puis j’ai déjà sorti toutes mes affaires, là… Non, mais tant pis… je vais rester là… »
Elle avait levé les sourcils en signe de résignation et ses lunettes avaient glissé au bout de son nez. Il l’avait trouvée craquante et cette pensée l’avait adouci. S’asseyant en prenant garde de ne pas déranger les papiers de sa voisine, il lui avait souri puis avait ouvert son journal.
L’arrivée d’un Eurostar était annoncé. Alexandre sortit de sa rêverie, leva les yeux vers le panneau d’affichage, constata que le Thalys était toujours annoncé avec le même retard et reporta en soupirant son regard sur les TGV qui s’alignaient devant lui. Machinalement il sortit le col en laine blanc du sac en papier qu’il tenait à la main. Pour la millième fois depuis qu’il l’avait, il le porta à son nez et inspira profondément. Il ne sentait presque plus rien mais cela suffit à le transporter à nouveau dans le Thalys de la semaine passée.
Il n’avait pas lu longtemps son journal, il avait eu envie de lui parler. Alors il s’était penché et avait demandé si c’était elle qui avait dessiné ce qu’il voyait sur les feuilles étalées sur sa tablette. Elle l’avait regardé avec drôle d’air, puis elle avait souri et répondu oui. Elle lui avait expliqué qu’elle était « web designeuse », qu’elle créait des identités visuelles et qu’elle allait présenter son travail à un grand groupe qui avait décidé de refondre son site web. Si son agence remportait le contrat, elle pourrait venir régulièrement à Paris. Toutes les semaines pendant plusieurs mois. Elle était enthousiaste et plus elle lui parlait, plus il se sentait charmé. Elle adorait Paris, aussi crut-il bon de lui confier qu’il était un Parisien de souche, né à Paris, élevé à Paris et vivant à Paris.
« C’est pour ça que vous n’êtes pas sympa? » lui avait-elle demandé avec un sourire. « On dit comment déjà… Parigot, tête de veau… »
Ça l’avait fait rire. Et il lui avait présenté ses excuses pour son mouvement d’humeur sur le quai. Il lui avait raconté son week-end raté, mouillé et solitaire à Bruxelles. Elle avait ri à son tour en l’écoutant et en compatissant.
Ça avait été si facile de parler avec elle. Alix, elle s’appelait Alix. Elle avait 32 ans et beaucoup d’humour, en plus d’être jolie. Il s’était senti joyeux en sa compagnie, vraiment joyeux. Et ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé.
Le trajet lui avait paru très court. Elle avait dit « Souhaitez-moi bonne chance pour ma réunion. », sur le quai à Paris. Et il avait répondu « Vaut mieux pas, ça porte malheur. Vous ne le saviez pas? ».
Elle avait souri puis, comme mue par une soudaine impulsion, elle s’était penchée vers lui et avait déposé une bise sur sa joue. Elle était partie à reculons en le regardant, souriante. Il avait alors levé deux doigts croisés. Elle lui avait fait un petit signe de la main puis s’était retournée et était partie d’un pas pressé.
Mais pourquoi n’avait-il rien fait? Pourquoi n’avait-il rien dit? Il aurait dû prendre son numéro, lui proposer de se revoir, de dîner…
Mais quel con! Quel con!
Il s’en était voulu dès qu’elle avait disparu dans la foule, quand il avait réalisé qu’il ne la reverrait sans doute jamais.
A suivre…
arghhhh!!! mais faut pas s’arreter comme ça!!!!! à quand la suite????
C’est vrai çà, faut pas arrêter là ! On reste en plan nous ! Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? Rafraichir la page toutes les 5 minutes ?????? On veut la suite !!!!!
super, elles sont revenues ces petites nouvelles que j’aime tant.
vivement la suite ; de l’amour, toujours, oh oui!!!!!
Patience Didou, patience…
La suite, c’est demain! 🙂
L’idée, c’est de vous rendre dingues, Graine de blé noir! 😀
Meuh non, c’est juste que l’histoire est trop longue pour tenir dans un seul post. La suite demain, promis!
Ca me fait chaud au coeur de lire ton commentaire, Pascale. Il m’aide à assumer mon côté clairement fleur bleue.
Heureusement que la suite est demain! J’ai cru que tu avais envisagé nous faire subir les pires tortures en nous faisant attendre plus longtemps …. 🙂 Vivement demain! Bises
Moi je dis, c’est sadique de nous faire ça!!!
Non non Céline. En 2012, j’ai décidé de ne pas être cruelle. 🙂
Non Dodie dodue au pseudo rigolo-que-j’aime-bien, ce qui serait VRAIMENT sadique, ce serait de ne poster la suite que dans plusieurs jours. Et maintenant que j’y pense…. Non, je ne peux pas faire ça quand même, je viens de dire que je ne serai pas cruelle en 2012.
Alors à demain! 🙂
La suite ! Vite !
Oups… Salut Copinette 🙂
J’aime bien tes nouveaux meubles et tes résolutions 2012.
Bisous !
Aaaah moi aussi je veux la suite !
Heureusement pour moi pas besoin d’attendre demain :o)
Ouf, alors si la suite c’était demain, en fait c’est AUJOURD’HUI ! Bon, ben je tâche de revenir tantôt… J’espère qu’elle va être sympa, l’Alix… ben oui, moi aussi je suis fleur bleue, j’aime les fins heureuses…
mais? mais??? cruelle!!!!! la suiiiiiiiiiiiiiiittteeeeuh!!!!!
😀 Hello ma Merlinette! Merci beaucoup!
Bonne année 2012, coupine! Tu couds toujours?
😀 Sophie!
Ah ben justement Nana, la suite est postée et sans vouloir éventer le truc, à priori, tu ne seras pas déçue. 🙂
C’est partiiiii Hop hop!