L’étoile rayée (#2)
C’était trois jours avant la FIV. Elle ne se souvenait même pas de son nom. Un type quelconque qu’elle avait rencontré à ce congrès européen des prothésistes auquel elle avait été obligée d’assister.
Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait ça. Ou plutôt si, elle le savait et elle en avait honte. Il l’avait draguée. Grossièrement, maladroitement, mais il l’avait draguée. Il l’avait remarquée, elle que son mari ne voyait plus depuis des mois, elle qui se sentait affreuse avec ses kilos en trop, elle qui pensait ne plus être désirable pour aucun homme. Il l’avait remarquée et elle lui était tombée dans les bras. Elle l’avait suivi dans sa chambre et y avait passé la nuit.
Elle ne s’était pas sentie coupable, à son retour. Au contraire, elle s’était sentie réconfortée, pleine d’énergie et prête à poursuivre ses efforts pour avoir un bébé.
Elle n’y avait plus pensé jusqu’à ce septième mois de grossesse au cours duquel le médecin l’avait arrêtée. Elle avait dû passer ses journées alitée et le souvenir de sa nuit en République tchèque lui était revenu. Et avec lui un doute. Un doute horrible, qui l’empoisonnait depuis.
Et si ce n’était pas la FIV ? Et si c’était cet homme, à Prague ?
Elle combattait ces questions de toutes ses forces. Elles étaient ridicules. David était le père du bébé, un point c’était tout. Elle était bien placée pour savoir qu’il était très difficile pour elle de concevoir sans recours à la science. En plus ils avaient utilisé un préservatif alors il n’y avait aucune chance qu’elle soit tombée enceinte de cet autre homme. C’était totalement grotesque.
Pourtant, ça la taraudait régulièrement depuis un mois. Et elle avait peur.
Elle secoua la tête, comme si ce geste pouvait la débarrasser de ses angoisses. De toute façon, elle allait avoir un bébé. Leur bébé, à David et à elle.
Elle eut de nouveau très mal au ventre et se laissa tomber sur son lit. Cette fois, elle n’avait plus de doute, elle avait reconnu une contraction. Du même type que celles qui lui avaient valu d’être arrêtée et de devoir rester allongée pendant les derniers mois de sa grossesse. Toutefois, celle-ci avait été plus douloureuse que celles qu’elle avait eues jusque là.
Elise s’allongea sur son lit, tendit le bras pour allumer la lampe puis saisit le combiné du téléphone posé sur sa table de chevet. Il fallait que David rentre, et vite. Elle avait besoin de lui, terriblement besoin de lui.
Répondeur. Encore. Mais où était-il passé ? Elle laissa un sixième message.
« David, je crois que le bébé arrive. Rentre, s’il te plaît. Rentre vite !» souffla t’elle.
Elle se rallongea après avoir raccroché et, regardant sa montre, commença à chronométrer le temps qui s’écoulait entre deux contractions. Elle en avait une toutes les 9 minutes.
Ca y était. Cette fois, ça y était, elle allait accoucher. Elle ferma les yeux puis les rouvrit immédiatement en entendant la porte d’entrée claquer. David était enfin rentré.
Elle l’entendit monter les escaliers puis le vit passer la tête dans l’embrasure de la porte. Il avait les yeux rouges, comme s’il avait pleuré. Et de là où elle était, elle pouvait sentir qu’il avait bu. Mais elle ne s’en soucia pas outre mesure.
Les contractions étaient de plus en plus fortes. Elle en avait le souffle coupé à chaque fois.
« David ! », dit-elle d’une voix hachée. « David, il faut… Il faut y aller, mon chéri. Le bébé arrive, notre… notre bébé arrive. »
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Il pèle très sévèrement en ce moment, coupinette. Et bien qu’irrémédiablement frileuse, je m’en réjouirais presque. Parce que, vois-tu, ça me donne de multiples occasions de mettre à ma poupinette le nouveau pull que j’ai tricoté pour elle.
Eh oui, elle bave toujours. Moins qu’avant mais quand même…
Recette:
Le pull n° 29 du catalogue « Tricotez Câlin » n° 48 de Phildar. Taille 12 mois. Tricoté en 3 et 3,5
Ingrédients:
Laine Mérinos Alpaga (Phildar) coloris « mordoré », « miel » et « écru », boutons pressions (mon stock)
Grains de sel:
– A la base, le catalogue est un catalogue « printemps/été ». Du coup, j’ai changé de fil pour réaliser ce modèle. Il est en fil « Muse » sur le catalogue, soit en coton, lin et modal (ce dernier terme m’étant totalement inconnu), je le voulais en laine.
– Sur le conseil de ma copine Momo, dont la belle-mère avait réalisé ce pull l’an dernier pour son lousticot, j’ai rallongé le modèle de 4 cm.
A part ça, j’ai suivi les indications à la lettre (tu me connais, je ne bidouille PAS en tricot, ça ne paie pas avec moi).
Les montagnes à gravir:
– Tricoter un modèle qui n’était pas estampillé « débutante » et m’en sortir.
– Me mettre au jacquard
Ce qui m’a franchement plu:
– Le fil « Mérinos Alpaga » de Phildar est tout doux. Un plaisir à tricoter.
– L’association des trois couleurs. J’avais un peu peur que le résultat soit décevant, au niveau de l’étoile. Et finalement, j’en suis contente. En plus, j’aime beaucoup le côté « chiné » de cette laine.
– Le jacquard, c’est drôlement sympa, dis donc, coupinette. Ma copine Momo m’a prêté des poissons à jacquard et avec ça, trop facile de faire l’intimidante étoile.
Ce qui m’a franchement barbée:
– Tricoter les manches. J’ai recommencé quatre fois, pas moins. Je ne sais pas, je n’arrivais pas à me concentrer et malgré mon compte-rangs, j’ai perdu le compte deux fois. La troisième fois, j’ai fait les côtes avec mes aiguilles n° 3,5 au lieu des aiguilles n° 3. Et enfin, la quatrième fois fut la bonne.
– Déchiffrer les explications du catalogue: quand j’ai lu « tous les 6 rangs, faire 6×1 augmentation et tous les 4 rangs, faire 3 x 1 augmentation », je me suis fait des noeuds au cerveau. Le tricot, c’est complexe parfois.
– Rentrer les 3000 fils (rapport au jacquard).
– Rien de neuf sous le soleil mais je me dois de le mentionner à nouveau: je déteste VRAIMENT faire les coutures en tricot. C’est simple, je mets ça au même niveau que le ragoût aux lentilles de mon enfance (Maman, si tu me lis, sache que ce ragoût m’a traumatisée). D’ailleurs, les morceaux ont longtemps attendu que je me décide enfin à les coudre. Et c’est la Petite Mamie de Charming Prince qui a cousu la bande d’encolure. Merci encore Petite Mamie! Sans toi, la loustiquette n’aurait sans doute jamais porté ce pull…
Do it again:
– Je crois que je rallongerais les manches. Elles me paraissent brèves, là…
– Je rallongerais aussi le pull. 4 centimètres, c’est trop peu à mon avis.
– Je redemanderais à Petite Mamie de le coudre. Et pas que le col (tant qu’à abuser, autant aller jusqu’au bout).
La p’tite idée qui fait du bien:
Pas envie d’acheter des poissons à jacquard, coupinette? Pas de problème, tu peux t’en fabriquer des « maisons ». Voici des idées pour le faire: Tu peux utiliser de petits sachets en plastique avec des élastiques ou encore une pince à linge. Illustration et démonstration sur le blog d’Hélène Magnusson.
J’aime, j’aime, j’aime tes histoires !
J’espère qu’il va y avoir une suite….
Quant à ton tricot, je ne peux que rester bouche bée, car je n’y entends rien !!!
il est beauuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu!!!!!! ( et elle accouche à la fin ?)
j’adore ce joli petit pull, il va super bien à ta demoiselle en plus 🙂
et moi aussi j’espère qu’il y a une suite à ton histoire, je veux en savoir plus 😉
J’aime lire cette histoire !!!! Et le pull est très très jolie. Ta poupinette le porte superbement bien. Ça change du rose bonbon hein!! 😉 😉 bises.
Bon alors le fameux pull de la première partie, il est là, je savais bien qu’on le verrait apparaitre… Trop trop mignon !
Et ton histoire…met hors d’haleine ! J’ai l’impression que je vais accoucher ce soir en même temps qu’elise, tellement je suis dedans !
Il est trop beau ce pull! Moi le jacquard j’ai jamais osé 😉
Sinon, en passant, pour m’épargner une couture je tricote les bandes d’encolure direct sur le pull, en remontant des mailles et avec une aiguille circulaire…
C’est quand la fin de l’histoire? Je guette avec impatience!
Adorable ce petit pull !!!!
Dis donc, c’est normal si j’ai l’impression que je vais accoucher ce soir? Je suis hors d’haleine avec ton histoire !!!
Il est beau ce pull !
Elle me plaît bien ton histoire, et moi aussi j’avais l’impression d’avoir un gros ventre de fin de grossesse !!!
Quand au pull il est trop joli, elle est belle comme tout la coquelicotte avec sa petite étoile !
En revanche les coutures c’est rédhibitoire, c’est pour ça que je ne tricote quasiment plus de Phildar malgré leurs jolis modèles….
Scoop en douce Graine de blé noir: oui, il y a une suite. Cette histoire m’inspire… 🙂
Ouip HopHop, elle accouche 😀
Merci!
Merci Adeline!
A bientôt alors 😉
😀 Gab! J’ai failli l’écrire, que ce n’était pas du rose, tellement j’étais fière de ne pas être retombée dans cette ornière! 🙂
Merci!
Merci Axelle! Ca me fait plaisir d’avoir éveillé ton intérêt! Me reste plus qu’à mettre la suite alors…
Merci pour ce truc Jessica. Tu sais comme j’aime les coutures alors pour le coup, la prochaine fois (même si Petite Mamie est dispo), je fais comme tu me le recommandes!
Merci beaucoup Fanny!
Je t’avoue que je suis en train de sérieusement considérer l’option: « je ne cherche plus que des modèles sans couture », Sophie. il n’y a pas grand chose que je déteste faire de mes dix doigts. Sauf les coutures.
Tu m’as attrapée avec ton histoire !
J’ai hate de lire la suite…
et ton petit pull étoilé est magnifique !
Ta coquelicote a l’air trop rigolote ^^ et le pull ♥ trop beau !
Merci Caro!
Ca y est, la suite est en ligne. Je suis en train de prendre un petit rythme de publication-du-week-end, là, moi… 🙂
Merci Eolune! 🙂
Très joli pull! Je le garde le modèle dans un coin de ma tête pour plus tard…