L’indiscipline des Ladies – suite et fin

Se retournant, il vit dévaler des fruits et des légumes dans l’escalier. Voulant arrêter leur course, il posa son sac par terre. Malheureusement, ce dernier se renversa et ses achats se mêlèrent aux fruits et légumes qui tombaient dans l’escalier. A son tour, il jura et entreprit de ramasser ceux qu’il pensait lui appartenir.

Il leva la tête en entendant des pas dans l’escalier. C’était la jeune femme qu’il avait vue chez le maraîcher, celle qui était si bizarrement habillée. Il n’avait pas souvenir de l’avoir déjà rencontrée dans l’immeuble. Pourtant, Aline et lui y habitaient depuis près de 3 ans maintenant. Elle devait avoir dans les 25 ans et une lumineuse cascade de cheveux roux et bouclés ruisselait sur ses épaules. Ses yeux noisette avaient une lueur malicieuse et elle pouffa comme une gamine en le voyant accroupi.

Toujours souriante, elle s’accroupit près de lui et ramassa des courgettes et des aubergines, tentant, sans succès, de les caler sous son bras droit.

– Désolée, mon sac en papier s’est déchiré et mes courses en ont profité pour se faire la malle.

– Euh… oui. J’ai essayé de les arrêter mais dans le mouvement, j’ai bêtement renversé mon sac à provisions.

– Vous aviez des pommes, vous aussi ?

– Oui, des Pink Lady

– Sans doute ont-elles voulu rejoindre leurs copines. Les pommes sont très indisciplinées, vous savez ? Surtout les Ladies. Question d’égo sans doute. Ca fait un moment que je l’ai remarqué.

Sylvain sourit et sa gêne s’évanouit. Elle était rigolote. Et en plus, elle avait un accent charmant. Il coula un regard vers elle et vit qu’elle lui tendait la main.

– Emily Akminster. Enchantée.

– Sylvain Jorinion, de même. Vous avez emménagé récemment ? Je ne vous avais jamais vue ici.

Emily rit et lui dit qu’elle s’apprêtait justement à lui poser la même question. Ça faisait un an et demi qu’elle habitait là, au 4ème et dernier étage de l’immeuble.

Ils ramassèrent leurs fruits et légumes et Sylvain proposa qu’ils aillent chez lui pour les départager. Emily accepta et, entrant à sa suite dans la cuisine, elle lui demanda s’il pourrait lui prêter un sac. Ils parvinrent à tout répartir, sauf les pommes. Sylvain ne se souvenait plus combien il en avait pris et Emily non plus. Elle proposa de partager à parts égales mais Sylvain répliqua qu’il n’en avait besoin que d’une, pour son dessert. Elle lui demanda alors s’il mangeait seul et lorsqu’il acquiesça, lui proposa de partager la ratatouille qu’elle comptait faire pour le déjeuner. « J’en fais toujours dix fois trop et après je suis bonne pour en manger pendant plus d’une semaine ».

Sylvain sourit largement, amusé, et lui dit qu’il avait justement prévu de se faire une ratatouille, lui aussi. Il hésita, puis accepta sa proposition à la condition qu’il puisse l’aider. Il s’y connaissait, il était originaire de Provence, d’une petite ville près d’Aubagne. Elle ne connaîtrait sûrement pas, ça s’appelait Carnoux-en-Provence et c’était un peu paumé.

Elle s’écria, ravie, que si, si, si ! Elle connaissait Carnoux-en-Provence ! Elle y avait passé deux jours l’été précédent, lors d’un séjour d’inspiration dans le sud de la France.

Sylvain était curieux. Qu’était-ce donc qu’un séjour d’inspiration ? Emily lui expliqua alors qu’elle était peintre et lui promit de lui montrer quelques-unes de ses toiles après le déjeuner.

Son appartement sous les toits lui ressemblait. Il était grand, très clair, chaleureux, plein de guirlandes et de meubles aux couleurs vives. Elle avait une caille comme animal de compagnie et était décidément très drôle. Sylvain passa un très bon moment avec elle, à l’écouter parler de ses stupéfiantes découvertes en France. Elle racontait si bien. Ils rirent beaucoup, puis parlèrent un peu d’eux-mêmes, autour d’un second café.  Il ne vit pas le temps passer et lorsqu’il quitta l’appartement, il était 16h20.

Cinq heures ! Il avait passé plus de cinq heures avec Emily ! Il avait une étrange sensation, comme s’il s’était assoupi et se réveillait soudain, incertain de la limite entre le rêve et la réalité. Sur la table de sa cuisine, il retrouva sa pomme et sourit en repensant au commentaire d’Emily sur les pommes Pink Lady.

Secouant la tête, il se dirigea vers son salon, à court d’idées. S’affalant dans son canapé sur lequel il avait laissé son manteau, il sentit quelque chose le gêner. Il se redressa, saisit son manteau, pensant à ses clés dont le trousseau était décidément trop volumineux… et extirpa de la poche le petit écrin gris qu’il était allé chercher le matin même.


Mes bras ont passé l’hiver confortablement cette année. Ma belle-sœur m’ayant fait cadeau d’une de ses chaudes paires de guêtres, j’ai un jour eu l’idée de m’en couvrir les bras plutôt que les mollets (pour lesquels j’ai des chaussettes en laine hyper efficaces). Et je n’étais pas peu fière: du style, de l’originalité et mes bras au chaud, le top de la bonne idée. Les guêtres étaient noires et j’avais envie d’en avoir des marrons pour aller avec mon tablier d’hiver. J’ai ai donc tricotées, en côtes 2/2.

Laine Partner 6 de Phildar, tricotée avec des aiguilles n° 5

Rassurez-vous, je les ai finies il y a un moment déjà et j’ai eu l’occasion de les mettre quelques fois avant que ce satané printemps vienne nous coller son soleil en pleine figure.

10 thoughts on “L’indiscipline des Ladies – suite et fin

  1. Magnifiques tes guêtres-manches!
    Et ne critique pas ce magnifique printemps que j’attends depuis perpète, j’ai l’impression! 😉
    Je me doutais (j’espérais?) d’une fin d’histoire dans ce genre, mais c’est beaucoup mieux quand c’est toi qui racontes! Et je me demandais pour quelle fringue elle avait été écrite, aussi…

  2. Jolis tes guêtres/mitaines !! Couturière et tricotteuse! Rien ne t’arrêtes dis donc !

    Il fait frisquet le matin, t’as des chances de pouvoir les mettre quand même lol

  3. Merci beaucoup red de rOuge! 🙂
    Bon, vu que je préfère le soleil, quand même, j’arrête de maudire l’arrivée du printemps. Les manchettes attendront l’hiver prochain.

    Effectivement, Miss_C, il pèle encore parfois le matin et je peux les sortir, mais je vois bien que ça ne durera pas bien longtemps. 🙂

  4. J’avais hâte de retrouver tes petites histoires. Un emploi du temps un peu encombré m’a éloignée quelques jours d’internet mais aujourd’hui j’ai été agréablement surprise de pouvoir lire cette histoire d’un seul coup ! Une belle mise en scène pour ces magnifiques guêtres chocolat. Je te souhaite de voir le soleil revenir bien vite et squatter un bon moment ton chez toi. A très bientôt !

  5. Claaaaaaaaaass’ !
    J’ai passé mon hiver avec des mitaines comme les tiennes mais elles étaient du commerce, moins chaudes je pense, noires et argent.
    Tu me donnes envie d’apprendre à tricoter, vraiment.

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