L’indiscipline des Ladies

Ce jour-là, Sylvain s’était levé d’excellente humeur.

Il s’était enfin décidé, la semaine précédente, et ce jour-là, il allait demander à Aline de l’épouser.

Il bondit hors du lit, léger, soulagé. Il ne comprenait pas pourquoi il avait tergiversé aussi longtemps mais là, c’était bon, il savait enfin ce qu’il devait faire.

Aline avait raison. Ils n’étaient plus des gamins hésitants, ça faisait 6 ans et demi qu’ils étaient ensemble, ils s’étaient endettés sur vingt ans pour s’acheter leur appartement, ils s’aimaient et avaient des projets d’avenir communs. Un bébé ou deux, un appartement plus grand, peut-être une voiture… Le mariage était une étape logique dans leur vie de couple. Il avait bien réfléchi et Aline  avait raison. Et puis elle en avait très envie, il le savait bien. Il voulait lui faire plaisir et ça lui ferait certainement très plaisir qu’il la demande en mariage.

Elle revenait de Rome vers 19h. Il comptait aller la chercher à l’aéroport, l’emmener directement dîner dans un restaurant chic et lui demander sa main au dessert. Exactement comme dans la demande de mariage idéale qu’elle lui avait si souvent décrite. Elle serait ravie et sourirait largement lorsqu’elle dirait oui.

Après s’être habillé et avoir réservé une table dans un restaurant gastronomique près des Champs-Elysées, il sortit pour aller chercher la bague.

Il faisait beau dehors, malgré le froid mordant de ce début de mois de Mars et Sylvain y vit un signe. Convaincu d’avoir pris la bonne décision et d’enfin maîtriser son destin, il descendit la rue en sifflotant. Repassant son plan d’action en revue, il s’avisa que la seule question qu’il n’avait pas encore tranchée, c’était s’il attendrait qu’ils aient mangé leur dessert pour mettre un genou en terre ou s’il le ferait avant. Qu’est-ce qui serait le mieux ?…Bah, il verrait sur le moment, ce serait sans…

Un cri le fit sortir de sa rêverie. Il avait traversé le boulevard sans regarder et une voiture l’avait frôlé. Il repéra son sauveur sur la place, de l’autre côté du boulevard. C’était jour de marché et un homme en tablier l’observait, un chou-fleur à la main, depuis un étal de fruits et de légumes. Sylvain le remercia d’un signe de tête et d’un sourire et l’autre, après avoir brièvement touché sa casquette de la main, reporta son attention vers une cliente qui lui demandait comment étaient ses fraises.

Sylvain s’éloigna, et contourna la bouche de métro. Il avait décidé d’aller chez le bijoutier à pied, il faisait si beau. Le nez à nouveau en l’air, il profitait de Paris, de l’agitation ambiante et marchait d’un bon pas vers la place de la République.

Arrivé sur place, il lança un grand « Bonjour » en entrant, faisant tinter la petite clochette au dessus de la porte. Le vieux bijoutier délaissa la pierre qu’il était en train d’examiner au fond de la pièce et vint à sa rencontre avec un sourire. La bague était prête. Elle était discrète, en or blanc ornée d’une topaze, la pierre préférée d’Aline. Sylvain était content. Il était certain de ne pas se tromper, Aline lui avait montré cette bague, quelques temps auparavant, un jour qu’ils passaient devant la vitrine.

Il rentra chez lui d’un pas léger, les mains dans les poches, la gauche caressant le petit écrin gris dans lequel le bijoutier avait mis la bague. Décidément, tout se passait au mieux.

En repassant devant le marché, il chercha du regard le maraîcher qui lui avait crié de faire attention, quelques instants plus tôt et, sur un coup de tête, décida d’acheter de quoi déjeuner chez lui plutôt que de manger dehors. Il irait prendre un café en terrasse après.

Il se mit donc dans la queue et attendit son tour. Une jeune femme choisissait des fruits et des légumes tout en riant avec le maraîcher. Elle semblait le connaître, puisqu’elle l’appelait par son prénom. Elle était curieusement vêtue. Elle n’avait pas de manteau ni même de gros pull, mais un tee-shirt à manches courtes sur lequel elle avait passé un pull sans manches. Ses bras étaient couverts par d’étranges manchettes marron qui ressemblaient à d’épaisses guêtres. Peut-être lui tenaient-elles chaud mais sa tenue fit frissonner Sylvain qui reboutonna son manteau.

Quand vint son tour, Sylvain prit de quoi faire une ratatouille et quelques pommes Pink Lady, ses préférées.

Il rentra chez lui, ouvrit la porte de l’immeuble et s’engagea dans l’escalier. Il allait ouvrir la porte de son appartement quand il entendit un juron.

A suivre…
Ca faisait un bail que je n’avais pas posté. Je vous devais bien une histoire en deux parties… 🙂

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